Le stress oxydatif

Docteur Michel Brack

publié le 16 août 2010
mise à jour le 16 avril 2018

www.stress-oxydatif.com


Dans «stress oxydatif», le mot «stress» n’a pas la même signification que le stress psychique ou psychosocial, il s’agit d’une agression chimique oxydative, de notre organisme.

Le stress oxydatif n’est pas une forme nouvelle du stress psychique tel que nous le connaissons tous.

Il s’agit d’une agression, une oxydation, des constituants de notre organisme due à un excès de molécules particulièrement nocives que l’on appelle les radicaux libres et qui viennent de l’oxygène que nous respirons pour vivre.

Cette oxydation dénature nos protéines, nos lipides, nos sucres et même notre ADN, et par là nos membranes cellulaires et nos cellules.

Nos cellules et leurs constituants les plus nobles "rouillent" de la même façon qu’un morceau de métal abandonné à l’air libre.

Cette agression de nos cellules est une des causes essentielles de notre vieillissement. En quelque sorte nous vieillissons parce que nous nous oxydons...

Cette "rouille" permanente de notre organisme est le prix que nous payons à la toxicité de l’oxygène que nous inhalons dés notre naissance mais qui est pourtant indispensable à notre vie, c’est le paradoxe de l’oxygène.

A. Quelles sont les conséquences du stress oxydatif ?

Le stress oxydatif est une des explications essentielles du vieillissement, et est impliqué dans un grand nombre de pathologies.
Le stress oxydatif est impliqué dans de nombreuses maladies

Il en est pour certaines la ou l'une des causes, pour d'autres une des conséquences. Certaines maladies comme la maladie de Parkinson, la maladie d'Alzheimer mais aussi le syndrome d'apnées du sommeil sont des modèles de stress oxydatif.

La plupart des maladies chroniques évolutives comme les maladies rhumatismales inflammatoires, les maladies chroniques inflammatoires de l'appareil digestif, les maladies broncho-pulmonaires, les affections de la peau, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les affections virales chroniques s'accompagnent d'un stress oxydatif parfois important.

En dehors des causes classiques du stress oxydatif, comme le tabagisme, l'alcool, le soleil, la pollution et le sport intensif, le stress psycho-social apparaît comme une des causes majeures de stress oxydatif chez des personnes par ailleurs en apparente bonne santé.

Un stress oxydatif élevé accélère les phénomènes du vieillissement

De nombreuses études scientifiques placent le stress oxydatif au centre des processus du vieillissement.

L’accumulation de produits oxydés dans l’organisme, l’affaiblissement des défenses antioxydantes, concourent au vieillissement des tissus et des organes.

Plus récemment l’atteinte oxydative mitochondriale, a été reconnue non pas comme une conséquence mais comme une cause du vieillissement.

L’ensemble des manipulations génétiques qui aboutissent à l’extraordinaire accroissement de la longévité chez l’animal (jusqu’à 100 %), modulent l’expression de gènes qui soit augmentent la résistance au stress oxydatif, soit diminue l’agression oxydative.

B. Comment savoir si l’on a un stress oxydatif ?

La seule façon de savoir si l'on a ou pas un stress oxydatif est de réaliser un bilan sanguin de stress oxydatif.

Le bilan de stress oxydatif permet d'évaluer votre niveau de stress oxydatif, d'en apprécier les causes et d'orienter la prise en charge en objectivant d'éventuels déficits ou des déséquilibres entre différents antioxydants ou oligo-éléments.

Nous ne sommes pas égaux devant le phénomène du stress oxydatif. Si nous pouvons harmoniser nos apports alimentaires en antioxydants, nos défenses «endogènes» c'est-à-dire l'arsenal antioxydant synthétisé par nos cellules est très variable d'un individu à l'autre. Certains d'entre nous ont des systèmes de protection de l'oxydation des lipides particulièrement efficaces, d'autres une meilleure protection anti-oxydante des protéines ou de l'ADN.

Par ailleurs nos systèmes d'élimination ou de réparation des produits oxydés sont très variables, au même titre que nos défenses immunitaires.

Oxyscale et Oxyscreen sont des échelles brevetées d’évaluation du stress oxydatif

Le Docteur Michel Brack, a développé des échelles brevetées d’évaluation du stress oxydatif.

Parallèlement, les travaux poursuivis au sein d’une collaboration entre l’INSERM et l’Ecole Supérieure de Physique Chimie de Paris ont fait l’objet d’une publication en février 2009 dans une revue scientifique internationale.

Réf. : "A MACHINE LEARNING APPROACH TO THE PREDICTION OF OXIDATIVE STRESS IN CHRONIC INFLAMMATORY DISEASE" A. Magon de la Villehuchet, PhD, M. Brack, MD, G. Dreyfus, PhD, Y. Oussar, PhD, D. Bonnefont-Rousselot, PhD, A. Kontush, PhD, and M.J. Chapman, PhD, DSc Redox Report - Fev.2009 vol.14

Mise à la disposition des médecins, ces échelles leurs permettent une prise en charge simple et rationnelle de leurs patients dans le domaine du stress oxydatif.
Ces procédés d’évaluation nécessitent l’utilisation d’un logiciel informatique, dénommé «Oxyscan», qui sans se substituer au diagnostic médical des médecins permet d’évaluer quantitativement et qualitativement le stress oxydatif du patient à partir de biomarqueurs dosés dans le sang.

C. Quand faut-il faire un bilan de stress oxydatif ?

Quatre situations imposent de pratiquer un bilan de stress oxydatif :

  • l'existence d'une maladie chronique, évolutive pour laquelle la prise d'antioxydants est justifiée.
  • après un événement difficile et pénible ou une période particulièrement stressante.
  • lorsque l'on prend déjà, et qui plus est depuis longtemps, des suppléments nutritionnels, pour faire le point et adapter sa supplémentation en toute connaissance de cause.
  • et surtout, lors de toute stratégie de prévention des maladies, en particulier dégénératives, dont la fréquence augmente avec l'âge et de toute stratégie de prévention du vieillissement.
On ne peut plus imaginer prévenir le vieillissement et les maladies dégénératives sans une lutte acharnée, impitoyable contre le stress oxydatif.
Faut-il faire un bilan souvent ?

Il n'y a pas de raison de multiplier les bilans de stress oxydatif.

En revanche, il est conseillé de faire un bilan de contrôle 4 à 5 mois après le premier bilan si celui-ci est anormal, afin de vérifier la pertinence de la prise en charge qui aura été adoptée.

En dehors de toute maladie évolutive, un bilan de suivi est suffisant tous les ans voire tous les 2 ans.

Dans ces cas précis, le bilan Oxyscreen trouve toute sa légitimité.

D. Comment s’y prendre pour faire un bilan de stress oxydatif ?

Les bilans de stress oxydatif sont réalisés à partir d’une prise d’un prélèvement sanguin à jeun.

Si vous prenez des médicaments (ou des antioxydants), vous ne devez rien changer à vos habitudes, et prendre votre traitement aux heures habituelles.

E. Pourquoi faire son bilan ?

La prise en charge personnalisée passe par un diagnostic personnalisé, or aucun test unique (en prenant par exemple une goutte de sang au bout du doigt...), aucun questionnaire ne peut aboutir à ce diagnostic précis.

Sortir de l'empirisme...

Il est largement démontré que la prise empirique d’antioxydants, (en vente libre), n’est pas toujours bénéfique, au mieux inefficace, parfois dangereuse.

La prise de bêta carotène peut dans certains cas augmenter le risque de cancers, la supplémentation en vitamine E, en sélénium ou en oméga 3 peut s’avérer pro oxydante !

Seul un bilan de stress oxydatif permet d’orienter précisément et individuellement la prise d’antioxydants.

Dans notre expérience, nous avons montré qu’il était possible de normaliser ou d’améliorer considérablement ces bilans de stress oxydatif dans plus de 80% des cas, grâce à une prescription dictée par les anomalies objectivées par le bilan.

La santé, NOTRE santé, est notre propriété, nous en sommes les acteurs principaux.

Notre santé est comme un jardin devant la maison, à nous de décider qu’il ressemble à un terrain vague en friches, de broussailles et de déchets que parfois nos propres voisins déversent chez nous, (comme le tabagisme passif...), ou au contraire un espace soigné et agréable, de buissons taillés, de fleurs odorantes...

Cela impose des efforts, mais aussi une prise de conscience, rester en bonne santé et bien vieillir est de notre libre arbitre, mais le résultat vaut la peine, à chacun de choisir produire de la maladie ou produire de la santé...

F. Que peut-on faire pour améliorer ou corriger son bilan de stress oxydatif ?

Il est possible de corriger ou d'améliorer de façon importante son bilan de stress oxydatif.

Cela nécessite d'intervenir sur le ou les facteurs pro oxydants lorsqu’ils existent, de modifier parfois certains comportements (alimentation, activité physique, stress...), et de suivre lorsque cela est nécessaire une supplémentation antioxydante adaptée aux résultats du bilan.

G. Prendre des antioxydants

Seule est abordée ici la supplémentation dans le cadre d’un diagnostic avéré par un bilan sanguin de stress oxydatif, l'objectif étant d’améliorer voire de normaliser les anomalies objectivées par le bilan.

Notre expérience nous a montré qu'il était possible de normaliser ou d'améliorer considérablement 80 à 90% des bilans, même les plus perturbés, chez des patients indemnes de pathologies, dans le cadre d'une démarche strictement préventive, ou chez des patients présentant des pathologies chroniques, dégénératives et/ou évolutives.

Ces améliorations ne concernent pas seulement des marqueurs banals (taux de vitamine C, ou zinc et sélénium), mais aussi et de façon plus surprenante, des indicateurs moins courants et plus essentiels, comme les taux de glutathion oxydé, de LDL oxydés, voire d’ADN oxydé, dont on sait que l'élévation est synonyme de risque cardiovasculaire, métabolique, neurodégénératif, ou de développer un cancer.

Il est plus que probable que cette normalisation globale du bilan apporte d’autres bénéfices, mais dont l’évocation, au regard des données de la littérature, doit rester prudente.

H. Maladies cardiovasculaires

L'implication du stress oxydatif dans les maladies cardiovasculaires est un des sujets les mieux documentés dans la littérature scientifique.

La responsabilité des LDL (cholestérol) oxydées dans la genèse de la plaque d'athérome n'est plus à démontrer. De nombreuses publications ont confirmé le rôle essentiel du stress oxydatif dans la pathogénie des maladies cardiovasculaires. En 1989 déjà, le Dr Daniel Steinberg de l'Université de San Diego (Californie, USA) a publié dans la prestigieuse revue médicale The New England Journal of Medicine (1989 ; 320(14) : 915-924) un article historique, dans lequel il explique que c'est l'oxydation des lipoprotéines de base densité (LDL) qui initie le processus d'athérosclérose, et non les LDL natives, c'est-à-dire celles qui ne sont pas oxydées.

Plus près de nous, en 2005, une équipe de recherche américaine (Nageswara R. Madamanchi et al.) de l'université de médecine de Caroline du Nord a publié un article dans Arteriosclerosis, Thrombosis, and Vascular Disease (2005 ; 25 : 29-38) qui explique que le stress oxydatif joue un rôle central dans le développement des maladies cardiovasculaires. En effet les différents facteurs de risques cardiovasculaires (tabagisme, hypertension artérielle, obésité, excès de cholestérol...) provoquent la production de radicaux libres (ROS) par les cellules de la paroi vasculaire et par les monocytes macrophages (globules blancs).

Ces radicaux libres vont oxyder le cholestérol LDL. Dans un deuxième temps, les globules blancs (macrophages) «avalent» les LDL oxydées pour les éliminer, et se transforment en cellules spumeuses (foam cells), qui vont initier la formation de la plaque d'athérome.

Ces découvertes replacent l'inflammation cellulaire au centre de la physiopathologie (Russell Ross. Atherosclerosis : An Inflammatory Disease. The New England Journal of Medicine 1999 ; 340 (2) : 115-126), en y intégrant la responsabilité des radicaux libres et du stress oxydatif.

Dans une "brief review" présentée à la session scientifique de l'American Heart Association en novembre 2OO5, et publiée en janvier 2006 dans Arterioscler Thromb Vasc Biol. (2006 ; 26 : 689-695), l'auteur (Dr Donald D. Heistad ; University of Iowa College of Medicine, USA), confirme lui aussi le rôle du stress oxydatif dans les maladies cardiovasculaires au sens large, incluant au delà de la maladie athéromateuse, l'hypertension artérielle, l'accident vasculaire cérébral, l'insuffisance cardiaque , et même le diabète.

C'est pourquoi il apparaît désormais indispensable, à la lumière de ces études dont les résultats font l'objet de publications de plus en plus nombreuses et de plus en plus légitimes, de prendre en considération le rôle prépondérant du stress oxydatif dans toutes les maladies cardiovasculaires au sens large.

I. Prévention et stress oxydatif

La plupart des maladies chroniques peuvent être évitées par des mesures simples qui concernent notre mode de vie. (OMS)

Face à la prévalence galopante des maladies émergentes dégénératives liées au vieillissement, au sein desquelles la maladie d’Alzheimer s’annonce comme un enjeu majeur de santé publique, les stratégies actives de prévention apparaissent comme les mesures thérapeutiques les plus crédibles.

Toutes ces menaces sur notre vie et sa qualité, ont un point commun : le stress oxydatif.

Dénaturant les protéines, les lipides et l’ADN, perturbant l’expression des gènes impliqués dans l’inflammation et la mort cellulaire, le stress oxydatif est impliqué tantôt comme cause, toujours comme conséquence, dans de nombreuses pathologies, des maladies cardiovasculaires aux cancers, en passant par les maladies chroniques infectieuses et inflammatoires et les maladies neurodégénératives.

Il est reconnu par ailleurs comme une des causes essentielles de notre vieillissement.

Un double consensus se dessine pour qu’il n’y ait plus désormais de stratégie de prévention des maladies dégénératives et du vieillissement sans une lutte acharnée, impitoyable contre le stress oxydatif, et que toute supplémentation en particulier antioxydante ne se fasse sans un diagnostic biologique préalable.

Diagnostiquer le stress oxydatif et le "traiter", participe d'une part à la prise en charge des pathologies au cours desquelles son implication est largement reconnue, et d’autre part au maintien en bonne santé dans une vision plus prospective de prévention.

De nombreuses publications montrent définitivement l'implication du stress oxydatif dans les maladies cardiovasculaires, les maladies inflammatoires, les maladies infectieuses, en particulier chroniques (SIDA, hépatites virales), les cancers, les maladies neurodégénératives et plus récemment le syndrome métabolique. (Ref : Philippe Giral, et col., “Elevated Gamma-Glutamyltransferase Activity and Pertubed Thiol Profile Are Associated With Features of Metabolic Syndrome”, Arterioscler Thrombo Vasc Biol, 2008).

Le suivi d’une cohorte de plus de 1200 patients du tout venant, entre 2003 et 2007 au Centre d’Investigations Biocliniques du Stress Oxydatif que nous avions créé, nous a apporté des informations essentielles sur le bien fondé de la prise en charge du stress oxydatif, et des moyens et méthodes à mettre en œuvre pour y parvenir.

Cette expérience a abouti en autres à des publications et le dépôt de brevets concernant les tests biologiques et leur interprétation pour un diagnostic pertinent de l’état de stress oxydatif de tout un chacun : «les bilans Oxyscale et Oxyscreen».

La mise en évidence de carences avérées ou relatives, voire de déséquilibres du statut antioxydant, et plus encore les perturbations des biomarqueurs de l’oxydation, exposent le sujet à un risque plus ou moins élevé de développer des maladies dégénératives et pour le moins d’accélérer les phénomènes de son vieillissement.

Ces anomalies doivent conduire à des mesures efficaces, (nutritionnelles, voire de supplémentation adaptée), afin de rétablir un statut antioxydant le plus proche de la normale, tout en agissant lorsque cela est possible, sur les causes identifiées du stress oxydatif.

Si notre expérience nous a montré l’extraordinaire corrélation entre le score de stress oxydatif et l’état de santé des patients, elle nous a aussi rassuré sur le fait qu’il était possible de normaliser ou d’améliorer de façon notable ces anomalies dans 80 à 90% des cas, quelque soit le contexte clinique, et l’âge.