Jean Krakowiecki

publiées le 1er août 2010
mise à jour le 16 avril 2018

Le stress des cadres : trop de travail, trop vite

Les cadres sont stressés et cela n'est pas bon pour leur santé. On le savait, encore fallait-il le mesurer. La CFE-CGC lance un Baromètre stress dont les premiers résultats mettent en évidence les méfaits d'une trop lourde charge de travail et d'un rythme qui s'est accéléré ces dernières années.
Le stress au travail et ses ravages qu'elle estime grandissants sont une préoccupation pour la Fédération française de l'encadrement CFE-CGC. C'est pourquoi, outre dénoncer la disparition des protections mises en place depuis la guerre (" le Quotidien " du 14 avril), elle a décidé de créer un observatoire permettant d'analyser les facteurs de stress et ses effets sur la santé des cadres.
Le Baromètre stress a réalisé en septembre ses premières mesures. Un échantillon représentatif de 539 cadres français a été interrogé en ligne, du 19 au 25, grâce à l'outil CAWI (Computer Assisted Web Interview) développé par OpinionWay.

Alors stressés, les cadres ? Pas par l'ambiance de travail, qu'ils jugent plutôt bonne (56 %), voire très bonne (19 %). Ni par une mauvaise définition de leurs responsabilités, puisque 63 % les jugent bien définies. Mais parce qu'ils ont une lourde charge de travail (73 % plutôt lourde, 17 % très lourde) et n'ont pas assez de temps (56 %) pour accomplir ce travail. Les trois quarts (73 %) estiment d'ailleurs que leur charge de travail s'est alourdie ces dernières années - contre 8 % qui la jugent moins importante - et plus nombreux encore (79 %) sont ceux qui ont le sentiment de devoir travailler plus vite.
D'autres facteurs peuvent concourir, dans une moindre mesure, au stress : sentiment d'être mal informé sur la stratégie de l'entreprise (48 %), laquelle apparaît mauvaise à 47 % des cadres interrogés, impression que les efforts ne sont pas reconnus à leur juste valeur (48 %) et encore moins récompensés à leur juste valeur (62 %), perspectives d'avenir personnel jugées mauvaises (53 %).
Plus concrètement, les cadres se plaignent d'être souvent interrompus (43 % et 37 % de temps en temps), d'être confrontés à des clients agressifs (9 % souvent, 35 % de temps en temps) ou encore de se sentir en situation de concurrence avec leur collèges (8 % et 32 %). Et ils sont encore 31 % à se juger exposés à un risque de perte financière et 30 % à estimer avoir à exécuter des actions ne correspondant pas à leur éthique (7 % souvent, 23 % de temps en temps).

Tensions et mal de dos

Comment le stress se manifeste-t-il ? Principalement par des tensions et crispations (29 % souvent et 50 % de temps en temps), des inquiétudes sur les conditions générales de la situation professionnelle (20 % et 44 %), des difficultés à concilier travail et vie privée (19 % et 39 %) et un sentiment de découragement (12 % et 41 %). Mais cela peut se traduire aussi par des symptômes physiques : mal au dos (18 % souvent, 32 % de temps en temps), maux de tête et migraines (7 % et 27 %) ou encore troubles visuels ou cutanés (8 % et 24 %). Ils sont même 41 % à penser souvent (10 %) ou de temps en temps à quitter leur travail à cause du stress et 28 % à envisager un départ en retraite anticipé.
Le stress au travail incite aussi à fumer (11 % souvent, 10 % de temps en temps) ou à boire (1 % et 6 %). Il peut aller jusqu'au sentiment de harcèlement moral (6 % et 14 %) et conduit à des arrêts maladie (1 % et 6 %).
Au total, sur une échelle de 1 à 10, un tiers des cadres notent leur stress à 8 (21 %), 9 (10 %) ou 10 (2 %) et seulement 31 % à 5 ou moins. La note moyenne : 6,2. Peut vraiment mieux faire.


Renée CARTON
" Le Quotidien Du Médecin "
Article du 08-Oct-2003